jeudi 29 janvier 2009

PREMIERS SAMEDIS DU MOIS...

Les premiers samedis de chaque mois
demandés par la très Sainte Viergeà Fatima

La voix du Saint-Père en 1912

Au cours de nos recherches nous avons trouvé dans un ancien tome du Messager du Sacré-Cœur, un article très intéressant, concernant la dévotion des premiers samedis du mois.
Cette trouvaille nous confirma l’étroite collaboration et la convergence qui existe entre la Sainte Vierge et son premier fils de prédilection, le Pape. En l’occurrence, il s’agit de Pie X, que l’Église plaça depuis sur les autels de la chrétienté.
Sous le titre : Un nouveau décret de Rome, l’auteur de l’article, le Père Claude Verley, jésuite, écrit :
« Il est raconté dans les révélations de sainte Gertrude qu’ayant un jour demandé à Notre-Seigneur : “— Que ferai-je pour vous plaire davantage ?” — Voici ma Mère, lui fut-il répondu, efforce-toi de la louer dignement.”
Ce dialogue se renouvelle. Mais la confidente du Sacré-Cœur n’en est plus seule favorisée. Bien des âmes qui lui ont succédé dans le rôle magnifique d’apôtres du Cœur de Jésus, après avoir répondu au désir divin par la célébration fervente des premiers Vendredis du mois, ont demandé à leur tour : “— Que ferons-nous de plus ?” Et par son Vicaire, Jésus leur répond : “Voici ma Mère, elle aussi a eu le Cœur transpercé, elle aussi est tous les jours outragée et blasphémée. Efforcez-vous de réparer dignement.”
Motifs et moyens sont clairement indiqués dans le document pontifical, que nous commencerons par citer en entier. Ce décret fut approuvé dans l’audience du 13 juin 1912, et publié dans les Acta Apostolicæ Sedis du 30 septembre.
“Notre très Saint-Père le Pape Pie X, pour augmenter la dévotion des fidèles envers la très glorieuse et immaculée Mère de Dieu, et pour encourager le filial désir de réparation, qui s’est révélé parmi les chrétiens eux-mêmes, et qui les pousse à offrir quelque expiation pour les blasphèmes odieux proférés par des hommes pervers contre le nom très auguste et la dignité suréminente de la Sainte Vierge, a daigné accorder de lui-même, à tous ceux qui, le premier Samedi de chaque mois, s’étant confessés et approchés de la sainte Table, accompliront, en esprit de réparation, quelques actes particuliers de piété en l’honneur de la bienheureuse Vierge Immaculée, et prieront aux intentions du Souverain Pontife, une Indulgence plénière, applicable aux défunts.”
Tout d’abord — poursuit le Père Verley — rendons-nous bien compte de ce que contient ce décret. Quatre choses à remarquer :
1° Le Pape veut augmenter dans le peuple chrétien la dévotion à la Sainte Vierge.
2° Il bénit et encourage une manifestation spéciale de cette dévotion, pour laquelle les chrétiens de nos jours[1] semblent avoir un véritable attrait, à savoir l’esprit de réparation pour les impiétés, blasphèmes et sacrilèges qui s’attaquent au nom ou au culte de Marie.
3° C’est de lui-même, c’est-à-dire de sa propre initiative, ou du moins de son plein gré, avec une joie et une ferveur marquées, que le Pape recommande et appuie de son autorité cette forme nouvelle de la piété filiale envers notre Mère du ciel.
4° Pour achever de montrer la mesure de son approbation, il ouvre largement — plénièrement — le trésor de l’Église, et dote aussi richement qu’il le peut la pratique des premiers Samedis, à la triple condition que le fidèle communiera, fera quelque pieux exercice de réparation, et priera aux intentions du Souverain Pontife.
Voilà la parole du Pape. À ce titre seul, elle devrait déjà être la bienvenue. Il est facile de voir combien elle s’harmonise avec les grandes paroles venues de Rome ces dernières années, et quel heureux complément elle leur apporte.
La foi est en péril. Le Pasteur vigilant a jeté le cri d’alarme. Il a déjoué, en les prévenant, les sourdes menées de l’adversaire. Que reste-t-il à faire sinon que de recourir plus instamment à Celle qui a triomphé de toutes les hérésies?
La vie surnaturelle languit et s’étiole, par suite d’ambiances malsaines, de promiscuités dangereuses. Et le mot d’ordre est venu: “Serrez-vous; soutenez-vous les uns les autres !” Mais où se serrer mieux qu’autour de la Mère par qui nous est venue cette vie, et par qui elle s’épanouit ?
La Communion est trop peu à l’honneur. Jésus-Hostie se plaint de ne pouvoir se donner davantage. Et son fondé de pouvoir nous a répété les appels de son Cœur. Quel meilleur moyen d’y répondre que d’aller demander à Celle qui fut la première demeure de Jésus en ce monde, comment on le reçoit et comment on le traite ?
Enfin, c’est l’esprit catholique que nous sommes invités, que nous avons ordre de restaurer en nous et autour de nous. Mais qu’est-ce que l’esprit catholique, si ce n’est un esprit filial ? Et où apprend-on mieux qu’auprès d’une Mère à se conduire en fils ?
Pour toutes ces raisons, n’est-il pas bien naturel que le Pape Pie X, saintement régnant, ait à cœur d’augmenter la dévotion des fidèles envers la très glorieuse et immaculée Mère de Dieu ?
La première chose à faire — poursuit toujours le Père Verley — est d’entrer dans la pensée du Pape. Les considérations précédentes nous y ont aidés, en nous montrant l’opportunité providentielle de cet acte. La lumière se fera plus satisfaisante encore, si nous interrogeons notre propre expérience et notre cœur.
Oui, il y a beaucoup à réparer pour qui aime la Sainte Vierge. La Passion de Jésus recommence toujours: et pour cela même la Passion de Marie ne cesse jamais.
Toujours elle l’entend traiter de malfaiteur et condamner à mort. Toujours elle le voit dépouiller, déchirer de coups, couvrir de crachats et clouer au pilori. Et elle n’est plus que la mère d’un homme de rien. La virginité est une fable; son Immaculée Conception, une légende; sa sublime dignité, une usurpation.
Les protestants ne la connaissent pas. Les modernistes la déshonorent. Les gouvernements vident les cloîtres et menacent ses sanctuaires. Les esprits forts raillent son rosaire et ses médailles miraculeuses. Les émeutiers mutilent ses statues... Et ce qui est pire, des chrétiens n’ont pour elle qu’une affection tiède, qu’une confiance limitée, qu’une dévotion de routine.
Il y a beaucoup à réparer pour le passé, pour le présent. Des âmes d’élite l’ont compris avant nous. Faut-il rappeler la chevaleresque indignation d’Ignace de Loyola, quand, au lendemain de sa conversion, suivant à cheval le chemin de Monserrat, et entendant un mécréant blasphémer la Sainte Vierge, il fut sur le point de foncer sur lui ? Mais son cheval prit un autre chemin, la Providence épargnant ainsi au pieu chevalier un excès de zèle et lui évitant d’ensanglanter l’épée dont il allait faire don à l’autel de Notre-Dame. D’autres, par des armes plus évangéliques, ont lutté pour l’honneur de Marie; des voix éloquentes, de savantes plumes, ont vengé ses privilèges. Faut-il citer Newman et sa victorieuse riposte aux attaques protestantes de Pusey; le cardinal Pie et ses homélies si pleines de science et de cœur en l’honneur de l’Immaculée; tous les convertis de ces dernières années, qui parlent si volontiers des miséricordes de leur Mère, tel ce romancier qui disait d’un poète : Comme tous les convertis, il fût gâté par la Vierge, roulé dans des langes de tendresse ?
Venger Marie par la polémique, par l’enseignement, par la poésie, n’est pas à la portée de tous. Mais réparer par la prière, par la Communion, par un redoublement d’affection filiale, qui pourrait légitimement s’y soustraire ? Il est bien juste que nous la consolions un peu : elle en a tant consolé. » [2]
A suivre...


[1] En 1912-1913, bien entendu.
[2] Messager du Sacré-Cœur. 1913.

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