vendredi 14 novembre 2008

VRAIE DEVOTION - PARTIE I

PREMIERE PARTIE
DE LA DEVOTION GENERALE A LA SAINTE VIERGE
ARTICLE I


Excellence et nécessité de la dévotion à la sainte Vierge

J'avoue avec toute l'Église que Marie n'étant qu'une pure créature sortie des mains du Très-Haut, comparée à sa majesté infinie, est moindre qu'un atome ou plutôt n'est rien du tout, puisqu'il est seul celui qui est,et que par conséquent ce grand Seigneur, toujours indépendant et se suffisant à lui-même, n'a point eu ni n'a point encore absolument besoin de la sainte Vierge pour l'accomplissement de ses volontés et pour la manifestation de sa gloire : il n'a qu'à vouloir pour tout faire.
Je dis cependant que, les choses supposéescomme elles sont [1], Dieu ayant voulu commencer et achever ses plus grands ouvrages par la très sainte Vierge depuis qu'il l'a formée, il est à croire qu'il ne changera point de conduite dans les siècles des siècles ; car il est Dieu et ne change point en ses sentiments ni en sa conduite.
Dieu le Père n'a donné son Unique [2] au monde que par Marie; quelques soupirs qu'aient poussés les patriarches, quelques demandes qu'aient faites les prophètes et les saints de l'ancienne loi pendant quatre mille ans pour avoir ce trésor, il n'y a eu que Marie qui l'ait mérité, et trouvé grâce devant Dieu par la force de ses prières et la hauteur de ses vertus [3]. Le monde était indigne, dit saint Augustin, de recevoir le Fils de Dieu immédiatement des mains du Père; Il l'a donné à Marie afin que le monde le reçût par elle. Le Fils de Dieu s'est fait homme pour notre salut, mais en Marie et par Marie. Dieu le Saint-Esprit a formé Jésus-Christ en Marie, mais après lui avoir demandé son consentement par un des premiers ministres de sa cour [4].
Dieu le Père a communiqué a Marie sa fécondité autant qu'une pure créature en était capable, pour lui donner le pouvoir de produire son Fils et tous les membres de son corps mystique [5]. Dieu le Fils est descendu dans son sein virginal, comme le nouvel Adam dans le paradis terrestre, pour y prendre ses complaisances et pour y opérer en cachette des merveilles de grâce.
Dieu fait homme a trouvé sa liberté à se voir emprisonner dans son sein ; il a fait éclater sa force à se laisser porter par cette vierge bénie ; il a trouvé sa gloire et celle de son Père à cacher ses splendeurs à toutes les créatures d'ici-bas pour ne les révéler [6] qu'à Marie ; Il a glorifié son indépendance et sa majesté à dépendre de cette aimable Vierge dans sa conception, en sa naissance, en sa présentation au temple, en sa vie cachée de trente ans, jusqu'à sa mort où elle devait assister pour ne faire avec elle qu'un même sacrifice, et pour être immolé par son consentement au Père éternel [7], comme autrefois Isaac par le consentement d'Abraham à la volonté de Dieu : c'est elle qui l'a allaité, nourri, entretenu, élevé et sacrifié pour nous.
Ô admirable et incompréhensible dépendance d'un Dieu, que le Saint-Esprit n'a pu passer sous silence dans l'Évangile, quoiqu'il nous ait cachée presque toutes les choses admirables que cette Sagesse incarnée a faites dans sa vie cachée, pour nous en montrer le prix [8] ! Jésus-Christ a plus donné de gloire à Dieu son Père par la soumission qu'il a eue à sa mère pendant trente années, qu'il ne lui en eût donné en convertissant toute la terre par l'opération des plus grandes merveilles [9]. Oh ! qu'on glorifie hautement Dieu quand on se soumet, pour lui plaire, à Marie, à l'exemple de Jésus-Christ notre unique modèle !
*****

[1] Dieu ayant disposé les choses comme il les a disposées.
[2] Son Fils unique.
[3] Et encore ces mérites, ces prières, ces vertus de Marie, n'eurent-ils d'efficacité que par la miséricorde de Dieu, et en conséquence de son dessein de sauver le monde par l'incarnation de son Fils.
[4] Quand l'archange Gabriel fut envoyé à Marie.
[5] La mère de Jésus est aussi la mère adoptive de tous les disciples de Jésus, des membres de l'Église qui est le corps mystique ou moral de Jésus.
[6] Pour ne les révéler complètement.
[7] Marie, en vertu de son droit maternel sur Jésus, a été invitée par Dieu à consentir à ce qu'il fût sacrifié pour notre salut.
[8] Les choses précieuses se gardent, en effet, dans le secret d'un trésor.
[9] Les humiliations du Rédempteur montrent mieux la grandeur de Dieu son père, devant qui il s'abaisse, que les actions éclatantes et pour ainsi dire triomphales qu'il aurait pu faire.

mardi 28 octobre 2008

COEUR TRANSPERCÉ

« Et toi-même, ton coeur
sera transpercé par une épée »

Brebis contemplant son agneau qu'on traînait à l'abattoir (Is 53,7), consumée de douleur, Marie suivait avec les autres femmes, en criant ainsi : « Où vas-tu, mon enfant ? Pourquoi achèves-tu ainsi ta course rapide (Ps 18,6) ? Y a t-il encore d'autres noces à Cana, est-ce là maintenant que tu vas si vite pour leur faire du vin avec de l'eau ? Puis-je t'accompagner, mon enfant, ou vaut-il mieux t'attendre ? Dis-moi un mot, Verbe, ne passe pas devant moi en silence..., toi qui es mon fils et mon Dieu...
« Tu marches vers une mort injuste et personne ne partage ta souffrance. Pierre ne t'accompagne pas, lui qui disait : « Jamais, je ne te renierai, même si je devais mourir » (Mt 26,35). Il t'a quitté ce Thomas qui s'exclamait : « Mourons tous avec lui » (Jn 11,16). Et les autres aussi, les intimes, ceux qui doivent juger les douze tribus (Mt 19,28), où sont-ils maintenant ? Il n'en reste plus un seul ; mais toi, tout seul, mon enfant, tu meurs pour tous. C'est ton salaire pour avoir sauvé tous les hommes et les avoir servi, mon fils et mon Dieu. »
Se retournant vers Marie, celui qui est sorti d'elle s'écria : « Pourquoi pleures-tu, mère ?... Moi, ne pas souffrir ? ne pas mourir ? Comment donc sauverais-je Adam ? Ne pas habiter le tombeau ? Comment ramènerais-je à la vie ceux qui demeurent au séjour des morts ? Pourquoi pleures-tu ? Crie plutôt : ‘C'est volontairement qu'il souffre, mon fils et mon Dieu’. ‘Vierge sage, ne te rends pas semblable aux insensées’ (Mt 25,1s) ; tu es dans la salle des noces, ne fais donc pas comme si tu te tenais dehors... Ne pleure donc plus, mais dis plutôt : ‘Prends pitié d'Adam, sois miséricordieux pour Ève, toi mon fils et mon Dieu’.
« Rassure-toi, mère, la première tu me verras sortir du tombeau. Je viendrai te montrer de quels malheurs j'ai racheté Adam, quelles sueurs j'ai versées pour lui. A mes amis, j'en révélerai les marques que je montrerai dans mes mains. Alors tu verras Ève vivante comme autrefois, et tu crieras dans ta joie : ‘Il a sauvé mes parents, mon fils et mon Dieu !' »

Saint Romanos le Mélode (?-vers 560), compositeur d'hymnes ; Hymne 25,
Marie à la croix (trad. SC 128, p. 165s rev.)

lundi 20 octobre 2008

LA VRAIE DEVOTION A MARIE

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort


C'est par la très sainte Vierge Marie que Jésus-Christ est venu au monde, et c'est aussi par elle qu'il doit régner dans le monde. Marie a été très cachée dans sa vie; c'est pourquoi elle est appelée par le Saint-Esprit et l'Église Alma Mater... «Mère cachée et secrète» [1]. Son humilité a été si profonde qu'elle n'a point eu sur la terre l'attrait plus puissant et plus continuel, que de se cacher à elle-même et à toute créature, pour n'être connue que de Dieu seul.
Dieu, pour l'exaucer dans les demandes qu'elle lui fit de la cacher, appauvrir et humilier, a pris plaisir à la cacher dans sa conception, dans sa naissance, dans sa vie, dans ses mystères, dans sa résurrection et assomption, à l'égard de toutes créatures humaines [2]. Ses parents mêmes ne la connaissaient pas [3] et les anges se demandaient souvent les uns aux autres: Quoe est ista?.. « Qui est celle-là? » parce que le Très-Haut la leur cachait; ou, s'il leur en découvrait quelque chose, il leur en cachait infiniment davantage.
Dieu le Père a consenti qu'elle ne fit point de miracle dans sa vie, du moins qui éclatât, quoiqu'il lui en est donné la puissance ; Dieu le Fils a consenti qu'elle ne parlât presque point, quoiqu'il lui eût communiqué sa sagesse ; Dieu le Saint-Esprit a consenti que les apôtres et les évangélistes n'en parlassent que très peu, et qu'autant qu'il était nécessaire pour faire connaître Jésus-Christ, quoiqu'elle fût son épouse fidèle [4].
Marie est l'excellent chef-d'oeuvre du Très-Haut, dont il s'est réservé la connaissance et la possession. Marie est la Mère admirable du Fils, qu'il a pris plaisir à humilier et à cacher [5] pendant sa vie pour favoriser son humilité, la traitant du nom de «femme», mulier, comme une étrangère [6], quoique dans son coeur il l'estimât et l'aimât plus que tous les anges et les hommes. Marie est la fontaine scellée et l'épouse fidèle du Saint-Esprit, où il n'y a que lui qui entre. Marie est le sanctuaire et le repos de la sainte Trinité, où Dieu est plus magnifiquement et divinement qu'en aucun lieu de l'univers, sans excepter sa demeure sur les chérubins et les séraphins ; et il n'est permis à aucune créature, quelque pure qu'elle soit, d'y entrer sans un grand privilège [7].
Je dis avec les saints : la divine Marie est le paradis terrestre du nouvel Adam, où il s'est incarné par l'opération. du Saint-Esprit, pour y opérer des merveilles incompréhensibles ; c'est le grand et le divin monde de Dieu, où il y a des beautés et des trésors ineffables ; c'est la magnificence du Très-Haut, où il a caché, comme en son sein, son Fils unique [8], et en lui, tout ce qu'il y a de plus excellent et de plus précieux. Oh ! Oh ! que de choses grandes et cachées ce Dieu puissant a faites en cette créature admirable comme elle est elle-même obligé de le dire, malgré son humilité profonde : Fecit mihi magna qui Potens est [9] ! Le monde ne les connaît pas, parce qu'il en est incapable et indigne.
Les saints ont dit des choses admirables de cette sainte cité de, Dieu ; et ils n'ont jamais été plus éloquents et plus contents, comme ils l'avouent eux-mêmes, que quand ils en ont parlé. Après cela, ils s'écrient que la hauteur de ses mérites, qu'elle a élevés jusqu'au trône de la divinité [10], ne se peut apercevoir ; que la largeur de sa charité, qu'elle a plus étendue que la terre, ne se peut mesurer ; que la grandeur de sa puissance, qu'elle a jusque sur un Dieu même [11], ne se peut comprendre; et enfin que la profondeur de son humilité et de toutes ses vertus et ses grâces, qui sont un abîme, ne se peut sonder.
O hauteur incompréhensible ! O largeur ineffable ! O grandeur démesurée ! O abîme impénétrable ! Tous les jours, d'un bout de la terre à l'autre, dans le plus haut des cieux, dans le plus profond des abîmes, tout pêche, tout publie l'admirable Marie. Les neuf choeurs des anges, les hommes de tous sexes, âges, conditions, religions, bons et mauvais, jusqu'aux diables, sont obligés de l'appeler Bienheureuse, bon gré mal gré, par ]a force de la vérité. Tous les anges, dans les cieux, lui crient incessamment, a dit saint Bonaventure : Sancta, sancta, sancta Maria, Dei Genitrix et Virgo [12]; et ils lui offrent des millions de millions de fois tous les jours la salutation des anges, Ave, Maria, etc. En se prosternant devant elle, ils lui demandent pour grâce de les honorer de quelques uns de ses commandements ; jusqu'à saint Michel [13], dit saint Augustin, quoique le prince de toute la cour céleste, est le plus zélé à lui rendre et à lui faire rendre toutes sortes d'honneurs, toujours en attente pour avoir l'honneur d'aller, à sa parole, rendre service à quelqu'un de ses serviteurs.
Toute la terre est pleine de sa gloire, particulièrement chez les chrétiens où elle est prise pour tutélaire et protectrice en plusieurs royaumes, provinces, diocèses et villes ; plusieurs [14] cathédrales consacrées à Dieu sous son nom ; pointd'église sans autel en son honneur ; point de contrée ni de canton où il n'y ait quelqu'une de ses images miraculeuses où toutes sortes de maux sont guéris, et toutes sortes de biens obtenus ; tant de confréries et congrégations en son honneur ; tant de religions [15] sous son nom. et sa protection tant de confrères et soeurs de toutes les confréries et tant de religieux et religieuses de toutes les religions [16], qui publient ses louanges et qui annoncent ses miséricordes. Il n'y a pas un petit enfant qui, en bégayant l'Ave Maria, ne la loue ; il n'y a guère de pécheur qui, en son endurcissement même, n'ait en elle quelque étincelle de confiance; il n'y a pas même de diable dans les enfers qui en la craignant ne la respecte.
Après cela, il faut dire en vérité avec les saints : De Maria nunquam satis... « On n'a point encore assez loué, exalté, honoré, aimé et servi Marie. » Elle a mérité encore plus de louanges, de respects, d'amour et de services.
Après cela, il faut dire avec le Saint-Esprit : Omnis gloria ejus Filiae Regis ab intus... « Toute la gloire de la Fille du Roi est au dedans »; comme si toute la gloire extérieure que lui rendent à l'envi le ciel et la terre n'était rien en comparaison de celle qu'elle reçoit au dedans par le Créateur, et qui n'est point connue des petites créatures [17] qui ne peuvent pénétrer le secret des secrets du Roi.
Après cela, il faut nous écrier avec l'Apôtre : Nec oculus vidit, nec auris audivit, nec in cor hominis ascendit... « Ni l'oeil n'a vu, ni l'oreille n'a entendu, ni le coeur de l'homme n'a compris les beautés, les grandeurs et excellences de Marie, » le miracle des miracles de la grâce, de la nature et de la gloire. Si vous voulez comprendre la Mère, dit un saint, comprenez le Fils [18], car c'est une digne Mère de Dieu. Hic taceat omnis lingua... « Que toute langue demeure muette ici. »
Mon coeur vient de dicter tout ce que je viens d'écrire, avec une joie particulière, pour montrer que la divine Marie a été inconnue jusqu'ici [19] et que c'est une des raisons pourquoi Jésus-Christ n'est point connu comme il doit l'être. Si donc, comme il est certain, le règne de Jésus-Christ arrive dans le monde, ce ne sera qu'une suite nécessaire de la connaissance et du règne de la très sainte Vierge Marie, qui l'a mis au monde la première fois, et le fera éclater la seconde [20].


[1] Cette appellation d'Alma Mater est tirée de l'antienne finale de Complies pour le temps de l'Avent. C'est la parole de l'Église, et l'Église ne fait ici que traduire l'enseignement du Saint-Esprit sur Marie, mère de Jésus notre Rédempteur. Mais le bienheureux L.-M. de Montfort s'est trompé sur le sens du mot alma quisignifie aimable, bienfaisante, nourricière, et non pas cachée et secrète. La pensée n'en reste pas moins juste.
[2] Il est certain que dans sa naissance, et dans la plupart des circonstances de sa vie que notre auteur appelle ses mystères, Marie n'apparaissait pas avec ses réelles grandeurs et perfections : elle était cachée. Cependant ceux qui croyaient à la divinité de son Fils croyaient par le fait à sa maternité divine, le plus excellent de ses titres.
[3] Avant que Marie ne fût mère de Jésus et que Jésus son fils ne fût connu pour Dieu, les parents mêmes de Marie ne pouvaient connaître toute l'étendue de ses grâces et de ses grandeurs.
[4] L'épouse du Saint-Esprit.
[5] Qui a pris plaisir à l'humilier et à la cacher.
[6] Il est bon d'observer que cette expression peut avoir un autre sens, tout d'honneur et d'affection filiale.
[7] Entrer parfaitement dans l'intelligence des privilèges de Marie et de la dévotion qu'il convient d'avoir pour elle, c'est en effet un grand privilège dont le bienheureux L.-M. de Montfort a particulièrement joui.
[8] Comme Dieu, Jésus est dans le sein éternel de son Père ; comme homme, il fut pour un temps dans le sein de Marie sa mère.
[9] « II a fait pour moi de grandes choses, le Tout-Puissant ! »
[10] Les mérites de la Mère de Dieu ne s'élèvent pas si haut que ceux de son divin Fils, c'est évident ; mais ils viennent immédiatement après.
[11] Parce qu'elle a sur Notre Seigneur la tendre autorité d'une mère sur son fils.
[12] « Sainte, sainte, sainte Marie ! Mère de Dieu et Vierge ! »
[13] Saint Michel lui-même.
[14] De nombreuses.
[15] D'ordres religieux.
[16] Même sens.
[17] Comparées à Marie, toutes les autres créatures sont si petites !
[18] Or, c'est impossible. Donc il est impossible aussi de comprendre entièrement Marie.
[19] Il ne faut pas prendre ceci à la lettre.Saint Anselme, saint Bernard, saint Dominique, pour ne citer qu'eux, ont très abondamment et splendidement fait connaître Marie. Mais ce n'était pas encore assez ; et au temps de notre bienheureux leur doctrine était oubliée de bien des âmes.
[20] Assurément, une plus grande connaissance et un plus grand amour de Marie augmenteraient ici-bas l'éclat du règne de Jésus.

vendredi 17 octobre 2008

MARIE, MODELE D'ECOUTE

Marie, modèle d'accueil de la Parolepour le croyant

Dans l'histoire du salut émergent de grands personnages d'auditeurs et d'évangélisateurs de la Parole de Dieu : Abraham, Moïse, les prophètes, Saints Pierre et Paul, les autres apôtres, les évangélistes. Tous, en écoutant fidèlement la Parole du Seigneur et en la communiquant, ont préparé un espace pour le Royaume de Dieu.
Dans cette perspective, un rôle central est celui assumé par la Vierge Marie, qui a vécu de façon incomparable sa rencontre avec la Parole de Dieu, qui est Jésus lui-même. C'est pour cette raison qu'elle constitue le modèle providentiel de toute écoute et de toute annonce. Déjà formée à la familiarité avec la Parole de Dieu à travers l'expérience si intense des Écritures du peuple auquel elle appartient, à partir de l'événement de l'Annonciation et jusqu'à la Croix ― et même jusqu'à Pentecôte ― c'est dans la foi que Marie de Nazareth accueille, médite la Parole de Dieu, la fait sienne et la vit intensément (cf. Lc 1,38 ; 2,19.51 ; Ac 17,11). Avec son OUI, initial et permanent, à la Parole de Dieu, elle sait regarder autour d'elle et elle vit les urgences du quotidien, en étant consciente que ce qu'elle reçoit en don du Fils est un don pour tous : dans le service à Élisabeth, à Cana et au pied de la croix (cf. Lc 1,39 ; Jn 2,1-12 ; 19,25-27). En vertu de cela, les mots que Jésus prononce en sa présence lui conviennent parfaitement : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique » (Lc 8,21). « Étant profondément pénétrée par la Parole de Dieu, elle peut devenir la mère de la Parole incarnée »[1].
En particulier, il faut prendre en considération sa façon d'écouter la Parole. Le texte de l'Évangile « quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur » (Lc 2,19) signifie qu'elle écoutait et connaissait les Écritures, qu'elle les méditait dans son cœur avec une espèce de processus intérieur de maturation, là où l'intelligence ne fait qu'un avec le cœur. Marie recherchait le sens spirituel des Écritures et elle le trouvait en le rapportant (symballousa) aux paroles, à la vie de Jésus et aux événements qu'elle découvrait progressivement dans son histoire personnelle. Marie est notre modèle à la fois dans l'accueil de la foi et de la Parole, et dans l'étude de celle-ci. Il ne lui suffit pas de l'accueillir, elle s'y arrête. Non seulement elle la possède, mais en même temps elle lui donne toute sa valeur. Elle y adhère mais aussi elle la développe. Ainsi, Marie devient un symbole pour nous, pour la foi des gens simples et pour celle des docteurs de l'Église qui étudient, évaluent et définissent la façon de professer l'Évangile.
En accueillant la Bonne Nouvelle, Marie se dévoile comme le type idéal de l'obéissance de la foi, elle devient une icône vivante de l'Église au service de la Parole. Pour Isaac de l'Étoile : « Dans les Écritures, inspirées par Dieu, ce qui est dit de façon générale pour l'Église vierge et mère, s'applique individuellement à Marie, vierge et mère [...] L'Église est l'héritière universelle du Seigneur, Marie l'est tout spécialement, et chaque âme fidèle de manière particulière. Dans le tabernacle du sein de Marie, le Christ est resté pendant neuf mois; dans le tabernacle de la foi de l'Église, il reste jusqu'à la fin du monde, dans la connaissance et dans l'amour de l'âme fidèle pour l'éternité »[2]. Marie enseigne à ne pas rester étranger et spectateur d'une Parole de vie, mais à participer, en réalisant le « me voici » des prophètes (cf. Is 6,8), et en nous laissant conduire par l'Esprit Saint qui habite en nous. Elle « magnifie » le Seigneur en découvrant dans sa vie la miséricorde de Dieu, qui la rend « bienheureuse » parce qu'elle « a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur » (Lc 1,45). Saint Ambroise dit que tout chrétien qui croit conçoit et engendre le Verbe de Dieu. S'il n'existe qu'une unique mère du Christ selon la chair, selon la foi, au contraire, le Christ est le fruit de tous[3].

(Synode des Évêques - 2008 : “La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l'Église”, “Instrumentum laboris” n° 25).

[1] Benedictus XVI, Litt. Enc. Deus caritas est (25.12.2005), 41 : AAS 98 (2006) 251.
[2] Isaac de Stella, Serm. 51 : PL 194, 1862-1863, 1865.
[3] Cf. S. Ambrosius, Evang. secundum Lucam 2, 19 : CCL 14,39.

lundi 13 octobre 2008

VATICAN II ET MARIE - X

MARIE, SIGNE D'ESPÉRANCE CERTAINE ET DE CONSOLATION
POUR LE PEUPLE DE DIEU EN MARCHE

Si la Mère de Jésus, déjà glorifiée au ciel en son corps et en son âme, est l'image et le commencement de ce que sera l'Église en sa forme achevée, au siècle à venir, eh bien! sur la terre, jusqu'à l'avènement du jour du Seigneur (cf. II Petr. 3, 10), elle brille, devant le Peuple de Dieu en marche, comme un signe d'espérance certaine et de consolation.
C'est une grande joie et une grande consolation pour ce saint Concile qu'il ne manque pas de gens, même parmi les frères séparés, pour rendre à la Mère du Seigneur et Sauveur, l'honneur qui lui est dû, spécialement chez les Orientaux qui rivalisent d'ardeur et de dévotion dans le culte de la Mère de Dieu, toujours Vierge. Que tous les fidèles adressent avec instance des prières à la Mère de Dieu et à la Mère des hommes, elle qui entoura de ses prières les débuts de l'Église, et qui, maintenant, est exaltée au-dessus de tous les bienheureux et de tous les anges, oui, qu'ils la prient d'intercéder, en union avec tout les saints, auprès de son Fils, jusqu'à ce que toutes les familles des peuples, qu'elles soient marquées du nom chrétien ou qu'elles ignorent encore leur Sauveur, soient réunies heureusement dans la paix et la concorde en un seul Peuple de Dieu pour la gloire de la très sainte et indivisible Trinité !

(VATICAN II : “Lumen gentium”, 68-69).
Rome, près Saint-Pierre, le 21 novembre 1964.

dimanche 12 octobre 2008

VATICAN II ET MARIE - IX

L'esprit de la prédication et du culte de la sainte Vierge

Le saint Concile enseigne expressément cette doctrine catholique et, en même temps, exhorte tous les fils de l'Église à pratiquer généreusement le culte, spécialement le culte liturgique, à l'égard de la bienheureuse Vierge; à tenir en grande estime les pratiques et les exercices de dévotion de caractère marial que le magistère de l'Église recommande depuis des siècles; à observer religieusement ce qui, dans le passé, a été décidé quant au culte des images du Christ, de la bienheureuse Vierge et des saints. En outre, il exhorte avec force les théologiens et les prédicateurs à s'abstenir avec soin de toute fausse exaltation, comme aussi de toute étroitesse d'esprit lorsqu'ils ont à considérer la dignité particulière de la Mère de Dieu. Par l'étude, menée sous la direction du magistère, de la sainte Écriture, des saints Pères, des docteurs et des liturgies de l'Église, ils doivent expliquer correctement le rôle et les privilèges de la bienheureuse Vierge: tout est tourné vers le Christ, source exclusive de la vérité, de la sainteté et de la dévotion. Dans leurs paroles, ou leurs actions, ils doivent éviter avec soin tout ce qui pourrait induire en erreur les frères séparés, ou n'importe quelle autre personne, au sujet de la véritable doctrine de l'Église. Les fidèles, eux, doivent se rappeler que la vraie dévotion ne consiste ni dans un sentimentalisme stérile et passager, ni dans une certaine crédulité vaine, mais, au contraire, qu'elle procède de la vraie foi, qui nous porte à reconnaître la prééminence de la Mère de Dieu, nous pousse à un amour de fils envers notre Mère et à l'imitation de ses vertus.


(VATICAN II : “Lumen gentium”, 67)

jeudi 9 octobre 2008

VATICAN II ET MARIE - VIII

LE CULTE DE LA SAINTE VIERGE DANS L'ÉGLISE

Nature et fondement du culte de la sainte Vierge

L'Église honore à juste titre d'un culte spécial celle que la grâce de Dieu a faite inférieure à son Fils certes, mais supérieure à tous les anges et à tous les hommes, en raison de son rôle de Mère très sainte de Dieu, et de son association aux mystères du Christ. Déjà, depuis les temps les plus reculés, la bienheureuse Vierge est vénérée sous le titre de "Mère de Dieu", et les fidèles, en leurs prières, se réfugient sous sa protection au milieu de tous les périls et des difficultés qu'ils rencontrent. C'est surtout à partir du Concile d'Éphèse que le culte du peuple de Dieu envers Marie, à la fois vénération et amour, prière et imitation, grandit admirablement, selon la prophétie de Marie elle-même: "Toutes les générations m'appelleront bienheureuse, parce que le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses" (Le 1, 48-49). Ce culte, qui existe toujours dans l'Église, bien qu'il soit de caractère tout à fait singulier, diffère essentiellement du culte d'adoration rendu au Verbe incarné ainsi qu'au Père et à l'Esprit-Saint et il favorise fortement celui-ci. En effet, grâce aux diverses formes de dévotion mariale que l'Église a approuvées selon les circonstances de temps et de lieu et selon le caractère et les dispositions des fidèles, pourvu qu'elles se tinssent dans les limites d'une doctrine saine et orthodoxe, grâce à ces formes de dévotion, donc, tandis que la Mère est honorée, le Fils pour qui tout existe (cf. Col. 1, 15-16) et en qui "il a plu" au Père éternel "de faire résider toute la plénitude" (Col. 1, 19), est reconnu comme il convient, aimé, glorifié et obéi.
(VATICAN II : “Lumen gentium”, 66).

samedi 4 octobre 2008

L'ANNONCE FAITE A MARIE

L’annonce faite à Marie (Lc. 1, 26-37)

Chers amis et frères en Jésus-Christ ;

Je ne saurais parler de la naissance de Jésus si je ne vous parle pas de l’annonce faite à Marie, annonce qui est le « fil rouge » de toute la trame christique, c’est-à-dire, de l’histoire de notre salut.
En effet, le Christ n’est pas né d’un « coup de baguette magique », même si sa naissance est entourée de tant de signes divins et de miracles inexplicables.
Voici donc le texte de l’Évangile de Luc, où il explique comment Dieu a voulu se servir d’une humble créature afin que s’accomplisse notre salut :

« Au sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d'une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph. Le nom de la vierge était Marie. L'ange entra chez elle, et dit : Je te salue, toi à qui une grâce a été faite; le Seigneur est avec toi. Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation. L'ange lui dit : Ne crains point, Marie ; car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. Il règnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n'aura point de fin. Marie dit à l'ange : Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme ? L'ange lui répondit : Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. Voici, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans son sixième mois. Car rien n'est impossible à Dieu ». (Lc. 1, 26-37)

Nous voilà donc renseignés quant au temps et à l’endroit : Ce fut le « sixième mois », « dans une ville de Galilée, appelée Nazareth ».
Que se passe-t-il alors ?
« L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu ».
Et à qui fut-il envoyé, ce grand messager céleste ?
« Auprès d’une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph ». Elle s’appelait Marie.
Quand on consulte les Pères de l’Église, on s’aperçoit très vite que tous, ou presque, ont commenté l’Évangile de Luc ; et il est fort intéressant de voir la manière — propre à chacun — dont ils abordent ces premières lignes.
Saint Basile, dans son “Commentaire sur Isaïe”, nous fait remarquer que les anges ne sont pas envoyés pour de « petites besognes », mais pour des missions bien importantes, car « les esprits célestes — selon lui — ne viennent pas à nous de leur propre mouvement, c’est Dieu qui les envoie lorsque notre utilité l’exige ; car leur occupation est de contempler l’éclat de la divine sagesse ».
Saint Grégoire le Grand, pour sa part, explique que l’ange envoyé vers Marie, n’est pas n’importe qui : « Ce n'est point un ange quelconque, mais l'archange Gabriel qui est envoyé à la Vierge Marie. Il n'appartenait, en effet, qu'au plus grand des anges de venir annoncer le plus grand des événements. L'Écriture lui donne un nom spécial et significatif, il se nomme Gabriel, qui veut dire force de Dieu. C'était donc à la force de Dieu qu'il était réservé d'annoncer la naissance du Dieu des armées, du fort dans les combats qui venait triompher des puissances de l'air ».
Et s’il vous venait l’idée de vous poser la question : pourquoi un si important messager fut-il envoyé à une si humble vierge, voici ce que pourrait vous répondre saint Jérôme dans son “Sermon sur la Dormition” :
« C'est avec raison qu'un ange est envoyé à une vierge ; car la virginité a toujours été unie par des liens étroits avec les anges. En effet, vivre dans la chair, sans obéir aux inspirations de la chair, ce n'est pas la vie de la terre, c'est la vie du ciel ».
Mais il n’est pas le seul à pouvoir vous répondre, à pouvoir vous expliquer le pourquoi d’un si grand honneur échu à Marie. Écoutez saint Augustin, le grand évêque d’Hippone :
« La virginité seule était digne d'enfanter celui qui, dans sa naissance, n'a pu avoir d'égal. Notre chef, par un miracle éclatant, devait naître d'une vierge selon la chair, et figurer ainsi que l'Église vierge donnerait à ses membres une naissance toute spirituelle » (De la sainte Vierge, chap. 15).
Je comprends qui vous puissiez sourire de la notion de virginité qui ressort de ces textes, surtout quand il est dit que la vierge en question « était fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph ».

En effet, à notre époque, nul n’y attache, malheureusement, aucune importance ; je dirais même que la virginité est tournée en ridicule par la plupart des hommes et des femmes de notre temps… Qui croirait, de nos jours, que deux fiancés puissent rester chastes dans leur amour, vierges dans leur vie au jour le jour ? Et pourtant, vous pouvez me croire, que nul cadeau est plus beau pour deux fiancés qui se marient, que de s’offrir l’un à l’autre, le jour de leurs noces, leur virginité mutuelle !…
Il est loin, mes amis, le temps où l’on pensait que « ce noble idéal de la virginité, précieux à tous ceux qui situent le beau dans la pureté, échoit à ceux-là seuls que la grâce bienveillante de Dieu assiste dans le combat pour réaliser leur bon désir » (Grégoire de Nysse : De la virginité ; chap. 1). En effet, notre temps est « infesté » par les « fumées de Satan » et, tout porte à croire que cela ira de mal en pire, car je pense que nous sommes arrivés à cette période néfaste que le Christ a vue et pour laquelle il s’est interrogé : « À mon retour, trouverai-je la foi sur la terre ? »
Mais, revenons à Gabriel et à sa « salutation à Marie ». Que lui dit-il, ce grand messager ?
Il commence par une politesse toute divine, toute respectueuse :
« Je te salue, toi à qui une grâce a été faite ; le Seigneur est avec toi ». D’autres traductions disent : « Je te salue, pleine de grâce ; le Seigneur est avec toi ».
Quoi qu’il en soit, toutes deux nous rappellent cette belle prière que nous récitons chaque jour, plusieurs fois — je suis persuadé que vous récitez le chapelet — dans la journée, rendant ainsi un hommage filial à Celle qui, en plus d’être la Mère de Jésus, est aussi notre Mère.
Il ne serait pas étonnant qu’en disant cela, l’ange Gabriel se fût incliné devant cette jeune fille que le péché originel, par une grâce d’exception, n’avait pas souillée.
Cette annonce trouble Marie, car même si elle savait — elle fut élevée au Temple et connaissait donc les Écritures Saintes — que le Messie devait naître, elle ne pensa certes pas un seul instant que l’honneur de cette maternité lui échouerait.
Mais l’ange la rassure : « Ne crains point, Marie ; car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus ».
Il aurait encore pu lui dire, comme nous l’explique saint Augustin : « Il est avec toi plus qu’il n’est avec moi ; car il est lui-même dans ton cœur, il s’incarne dans tes entrailles, il remplit ton âme, il remplit ton sein ». Mais, Marie n’aurait peut-être pas compris…
Il faut avouer qu’elle avait le droit de s’étonner d’une telle annonce ; elle qui était vierge et comptait probablement le rester.
Sa réaction sera toute naturelle et en conformité avec son éducation ; elle questionne étonnée : « Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme ? ». Autrement dit : Comment cela sera-t-il possible car je suis vierge et entends le rester ?
Aussitôt l’Ange Gabriel la rassure, lui explique comment cela va se passer :
« Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. »
Donc le fait que l’Esprit Saint vienne sur Elle et que la puissance de Dieu la couvre de son ombre fait engendrer dans le sein de la Vierge l’Être qui est au-dessus de tout Être. « C’est pourquoi, poursuit l’Ange, le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu ».
Cette puissance divine n’annihile nullement l’état “physique” de Marie, bien au contraire, l’élève au niveau céleste, la rend plus grande que les Anges eux-mêmes.
Il est bon ici de se souvenir que la « la vierge était fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph » et de rappeler un autre fait qui me semble important et que saint Ambroise de Milan, dans son commentaire à l’Évangile de Luc, sous-entend : les paroles de l’ange et les réponses de Marie, au sujet de la virginité :
« La virginité de Marie ― explique le saint Évêque de Milan ― devait tromper le prince du monde, qui, la voyant unie à un époux, n'a pu se méfier de son enfantement. »
Pour que le prince du monde ait été trompé, il fallait que les paroles, aussi bien celles de l’Ange Gabriel que celles de Marie, restassent dans le domaine de la locution intérieure ― sorte de transmission de pensée, en extrapolant un peu ―, car le diable n’est pas autorisé par Dieu à lire dans la pensée humaine. Il peut faire des suggestions, et il ne s’en prive pas, mais il ne peut, en aucun cas, lire la pensée de l’homme. Car s’il avait pu entendre la salutation de l’Ange Gabriel à Marie, il n’aurait pas eu de doutes sur les origines de Jésus ; il n’aurait pas dit plus tard, lors de la tentation au désert : “Si tu es le Fils, jette-toi en bas” (Mt. 4, 6). Le “si” employé ici porte à croire ou même atteste que Satan ne savait pas encore, à ce moment-là ― en tout cas au début de la tentation ― que Jésus était le Messie, le Fils de Dieu.
Cette interprétation semble corroborer celle du saint Docteur de l’Église, car il écrit peu après : « Cette locution ne doit pas nous donner à croire que la parole soit servie plutôt qu'entendue. Il ne s'agit pas d'une parole articulée », donc, il s’agit probablement d’une locution intérieure, comme je l’ai dit plus haut, qui ôtait à Satan toute possibilité d’intervention et de persécution envers Marie et l’Enfant qu’elle allait désormais porter en son sein.
Mais, revenons au texte de saint Luc. L’Ange dit encore à Marie : « Voici, qu’Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans son sixième mois. Car rien n'est impossible à Dieu ».
L’Ange qui lui annonce que « sa parente Élisabeth a conçu un fils en sa vieillesse » termine son message par une phrase évidente, mais que l’on oublie bien souvent : « Car rien n'est impossible à Dieu ».
Je vous invite, mes amis, à méditer ces paroles qui à elles seules expliquent tant de choses dont nous sommes témoins mais que notre esprit cartésien et obtus refuse bien souvent de croire.
Que la paix et l’amour de Jésus-Christ habitent vos âmes et vos cœurs. Amen.

mercredi 1 octobre 2008

VATICAN II E MARIA - VII

Les vertus de Marie, modèle pour l'Église

Tandis que l'Église a déjà atteint dans la très bienheureuse Vierge la perfection, par quoi elle est sans tache et sans ride (cf. Eph. 5, 27), les fidèles tâchent encore de croître en sainteté en triomphant du péché. Aussi lèvent-ils les yeux vers Marie: elle brille comme un modèle de vertu pour toute la communauté des élus. L'Église, en songeant pieusement à elle et en la contemplant dans la lumière du Verbe fait homme, pénètre plus avant, pleine de respect, dans les profondeurs du mystère de l'Incarnation, et se conforme toujours davantage à son Époux. Marie, en effet, qui, par son étroite participation à l'histoire du salut, unit en elle et reflète pour ainsi dire les données les plus élevées de la foi, amène les croyants, quand elle est l'objet de la prédication et du culte, à considérer son Fils, le sacrifice qu'il a offert, et aussi l'amour du Père. Quant à l'Église, en cherchant à procurer la gloire du Christ, elle devient plus semblable à son très haut modèle: elle progresse alors sans cesse dans la foi, l'espérance et la charité, elle cherche et suit en toutes choses la volonté de Dieu. Aussi, l'Église, en son travail apostolique également, regarde-t-elle avec raison vers celle qui engendra le Christ, conçu donc de l'Esprit-Saint et né de la Vierge, afin qu'il naisse et grandisse également dans le cœur des fidèles par le moyen de l'Église. La Vierge fut dans sa vie un modèle de cet amour maternel dont doivent être animés tous ceux qui, associés à la mission apostolique de l'Église, coopèrent à la régénération des hommes.

(VATICAN II : “Lumen gentium”, 65).

samedi 27 septembre 2008

VATICAN II ET MARIE - VI

Marie, modèle de l'Église

En outre, la bienheureuse Vierge est liée intimement à l'Église par le don et la charge de la maternité divine qui l'unit à son Fils, le Rédempteur, de même que par les grâces et les fonctions singulières dont elle est investie. La Mère de Dieu est la figure de l'Église, comme l'enseignait déjà saint Ambroise, et cela dans l'ordre de la foi, de la charité et de l'union parfaite avec le Christ. En effet, dans le mystère de l'Église, qui reçoit, elle aussi, avec raison, les noms de Mère et de Vierge, la bienheureuse Vierge Marie est venue la première, offrant d'une manière éminente et singulière le modèle de la Vierge et de la Mère. Car, dans la foi et l'obéissance, elle engendra sur terre le Fils même de Dieu, sans commerce charnel, mais sous l'action de l'Esprit-Saint; nouvelle Ève, elle a cru, non plus au serpent ancien, mais au messager de Dieu, d'une foi qu'aucun doute n'altéra. Elle enfanta le Fils que Dieu a établi premier-né d'un grand nombre de frères (Rm. 8, 29), c'est-à-dire des fidèles. Aussi coopère-t-elle, dans son amour de mère, à les engendrer et à les éduquer.
L'Église, qui contemple la sainteté mystérieuse et imite la charité de Marie, l'Église, qui accomplit fidèlement la volonté du Père, devient mère, elle aussi, par l'accueil plein de foi qu'elle offre au Verbe de Dieu. Car, par la prédication et le baptême, elle engendre à la vie nouvelle et immortelle des fils conçus du Saint-Esprit nés de Dieu. Elle est aussi la vierge qui maintient intègre et pure foi qu'elle a donnée à l'Époux. A l'imitation de la Mère de son Seigneur, elle conserve d'une façon virginale, par la vertu de l'Esprit-Saint, une foi intacte, une espérance ferme et une charité sincère.

(VATICAN II : “Lumen gentium”, 63-64).

vendredi 26 septembre 2008

VATICAN II ET MARIE - V

La sainte Vierge après l'Ascension

Comme il avait plu à Dieu de ne pas manifester solennellement le mystère du salut de l'humanité avant d'avoir envoyé l'Esprit, que le Christ avait promis, nous voyons les Apôtres, avant le jour de la Pentecôte, "Persévérant d'un seul cœur dans la prière, en compagnie de quelques femmes, de Marie Mère de Jésus et des frères de celui-ci" (Ac. 1, 14), et nous voyons aussi Marie implorer par ses prières le don de l'Esprit, cet Esprit qui l'avait déjà couverte elle-même de son ombre à l'Annonciation. Enfin, la Vierge Immaculée, préservée de toute tache de la faute originelle, au terme de sa vie terrestre, fut élevée à la gloire du ciel en son âme et en son corps et elle fut exaltée par le Seigneur comme Reine de l'univers afin de ressembler plus parfaitement à son Fils, Seigneur des seigneurs (cf. Ap. 19, 16) et vainqueur du péché et de la mort.
(VATICAN II : “Lumen gentium”, 59).

jeudi 25 septembre 2008

VATICAN II ET MARIE - IV

La sainte Vierge et l'enfance de Jésus

Cette union de la Mère et de son Fils dans l'œuvre de la Rédemption se manifeste depuis le moment de la conception virginale du Christ jusqu'à sa mort. C'est d'abord lorsque Marie, qui se porte en hâte vers Élisabeth, est proclamée par celle-ci bienheureuse à cause de sa foi dans la promesse du salut; le précurseur se réjouit alors dans le sein de sa mère (cf. Lc I, 41-45).
Cette union se manifeste ensuite à la nativité, lorsque la Mère de Dieu, toute joyeuse, montra aux bergers et aux Mages son Fils premier-né, lui qui n'a pas lésé sa virginité, mais l'a consacrée. Quand elle le présenta au Seigneur dans le temple une fois présentée l'offrande des pauvres, elle entendit Siméon annoncer à la fois que le Fils serait un signe de contradiction et qu'une épée transpercerait l'âme de la mère, pour que se révèlent les pensées d'un grand nombre de cœurs (cf. Lc 2, 34-35). Après avoir perdu l'enfant Jésus et l'avoir cherché avec angoisse, ses parents le trouvèrent au temple, aux choses de son Père, et ils ne comprirent pas les paroles du Fils. Sa mère méditait et conservait toutes ces choses en son cœur (cf. Le 2, 41-51).

La sainte Vierge et le ministère public de Jésus

Durant la vie publique de Jésus, sa Mère fait des apparitions qui sont pleines de sens. Dès le début, quand, aux noces de Cana de Galilée, émue de compassion, elle provoque par son intercession le premier des miracles de Jésus-Messie (cf. Jn. 2, 1-11). Pendant la prédication de Jésus, elle entendit les paroles où son Fils, plaçant le Royaume au-dessus des rapports et des liens de la chair et du sang, proclama bienheureux ceux qui écoutent et gardent la parole de Dieu (cf. Mc 3, 35; Lc 11, 27-28), ainsi qu'elle le faisait avec fidélité (cf. Lc 2, 19 et 51). Ainsi même la bienheureuse Vierge progressa sur le chemin de la foi, et elle resta fidèlement unie à son Fils jusqu'à la croix. Là, ce n'est pas sans réaliser un dessein divin qu'elle se tint debout (cf. Jn 19, 25); elle souffrit Profondément avec son Fils unique et s'associa de toute son âme maternelle à son sacrifice, acquiesçant avec amour à l'immolation de la victime qu'elle avait engendrée. Finalement, le même Christ Jésus, mourant sur la croix, la donna pour mère au disciple, en disant: "Femme, voici ton fils" (Cf. Jn 19, 26-27). (VATICAN II : Lumen gentium, 57-58).

mercredi 24 septembre 2008

VATICAN II ET MARIE - III

RÔLE DE LA SAINTE VIERGE DANS L'ÉCONOMIE DU SALUT

La Mère du Messie dans l'Ancien Testament

Les saintes Lettres de l'Ancien et du Nouveau Testament, ainsi que la vénérable Tradition, montrent, avec une clarté grandissante, le rôle de la Mère du Sauveur dans l'économie du salut et nous la mettent, pour ainsi dire, sous les yeux. Les livres de l'Ancien Testament décrivent l'histoire du salut, où lentement se prépara la venue du Christ dans le monde. Ces documents des premiers âges, selon l'intelligence qu'en a l'Église à la lumière de la révélation parfaite qui devait suivre, mettent peu à peu en une lumière toujours plus claire la figure d'une femme: la Mère du Rédempteur. C'est elle qu'on devine déjà prophétiquement présentée sons cette lumière dans la promesse, qui est faite à nos premiers parents tombés dans le péché, de la victoire sur le serpent (cf. Gn. 3, 15). Pareillement, c'est elle, la Vierge qui concevra et mettra au monde un Fils dont le nom sera Emmanuel (cf. Is. 7, 14; cf. Mich. 5, 2-3; Mt. 1, 22-23). Elle est au premier rang de ces humbles et de ces pauvres du Seigneur qui attendent le salut avec confiance, et reçoivent de lui le salut. Et enfin, avec elle, fille sublime de Sion, après la longue attente de la promesse, les temps s'accomplissent et une nouvelle économie s'instaure lorsque le Fils de Dieu prend d'elle la nature humaine pour libérer l'homme du péché par les mystères de sa chair.

Marie à l'Annonciation

Le Père des miséricordes a voulu que l'acceptation de la mère prédestinée précédât l'Incarnation; il voulait que de même qu'une femme avait contribué à donner la mort, de même une femme servît à donner la vie. Et cela vaut d'une manière extraordinaire pour la Mère de Jésus: elle a donné au monde la Vie même qui renouvelle tout, et elle a été enrichie par Dieu de dons correspondant à une si haute fonction. Il n'est pas étonnant que les saints Pères appellent communément la Mère de Dieu la Toute Sainte, celle qui est indemne de toute tache du péché, celle qui est façonnée et formée comme une nouvelle créature par l'Esprit-Saint. Ornée dès le premier instant de sa conception des splendeurs d'une sainteté tout à fait singulière, la Vierge de Nazareth est, sur l'ordre de Dieu, saluée par l'Ange de l'Annonciation comme "pleine de grâces" (cf. Lc 1, 28); et elle répond au messager céleste: "Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole" (Lc 1, 38). Ainsi Marie, fille d'Adam, acquiesçant au verbe de Dieu, est devenue Mère de Jésus et embrassant de plein cœur, sans être entravée par aucun péché, la volonté salvatrice de Dieu, elle s'est consacrée totalement comme servante du Seigneur à la personne et à l'œuvre de son Fils, toute au service du mystère de la Rédemption en dépendance de son Fils et en union avec lui, par la grâce de Dieu Tout Puissant. C'est donc à juste titre que les saints Pères estiment que Marie ne fut pas un instrument purement passif dans les mains de Dieu, mais qu'elle coopéra au salut de l'homme dans la liberté de sa foi et de son obéissance. En fait, comme le dit saint Irénée, "en obéissant, elle est devenue cause du salut pour elle-même et pour tout le genre humain". Et, avec Irénée, bien des anciens Pères affirment volontiers, dans leur prédication, que "le nœud de la désobéissance d'Eve a été dénoué par l'obéissance de Marie; ce que la vierge Eve lia par son incrédulité, la foi de la Vierge Marie le délia" ; et par comparaison avec Eve ils appellent Marie "Mère des vivants", et affirment très souvent : "la mort nous est venue par le moyen d'Eve, la vie par celui de Marie". (VATICAN II: “Lumen gentium, 55-56)

mardi 23 septembre 2008

VATICAN II ET MARIE - II

La sainte Vierge et l'Eglise

En effet, la Vierge Marie, qui, à l'annonce de l'Ange, accueillit dans son cœur et dans son corps .le Verbe de Dieu et apporta la vie au monde, est reconnue et honorée comme la vraie Mère de Dieu et du Rédempteur. Rachetée d'une manière très sublime en considération des mérites de son Fils et unie à lui par un lien étroit et indissoluble, elle est revêtue de la fonction et de la dignité suprême de Mère du Fils de Dieu. Aussi est-elle la fille préférée du Père et le temple de l'Esprit-Saint, par le don de cette grâce suprême, elle dépasse de loin toutes les autres créatures célestes et terrestres.
Cependant, elle est en même temps, de par sa descendance d'Adam unie à tous les hommes, qui ont besoin du salut; bien plus, elle est "vraiment Mère des membres (du Christ)... parce qu'elle a coopéré par sa charité à la naissance, dans l'Eglise, des fidèles, qui sont les membres de ce Chef". Aussi est-elle encore saluée du nom de membre suréminent et tout à fait singulier de l'Eglise, de figure et de modèle admirable de l'Eglise dans la foi et dans la charité l'Eglise catholique, docile à l'Esprit-Saint, la vénère avec une piété et une affection filiale comme une mère très aimante.

Intention du Concile

En conséquence, le saint Concile, au moment où il expose la doctrine relative à l'Eglise, en qui le divin Rédempteur opère le salut entend mettre soigneusement en lumière la fonction de la bienheureuse Vierge dans le mystère du Verbe incarné et du Corps mystique, et d'autre part, les devoirs des hommes rachetés envers la Vierge, Mère du Christ et mère des hommes, spécialement celle des fidèles. Il n'a pas cependant l'intention de proposer un enseignement complet au sujet de Marie, ni de dirimer des questions que le travail des théologiens n'a pas encore complètement élucidées. Aussi, gardent leurs droits les opinions qui sont librement proposées dans les écoles catholiques au sujet de celle qui, dans la sainte Eglise, tient la place la plus élevée après le Christ, et en même temps la plus proche de nous. (VATICAN II: “Lumen gentium”; 53-54)

dimanche 21 septembre 2008

ALLER A JESUS PAR MARIE

C'est honorer Jésus

Aller à Jésus-Christ par Marie, c'est véritablement honorer Jésus-Christ, parce que c'est marquer que nous ne sommes pas dignes d'approcher de sa sainteté infinie directement par nous-mêmes, à cause de nos péchés, et que nous avons besoin de Marie, sa sainte Mère, pour être notre avocate et notre médiatrice auprès de lui, qui est notre médiateur. C'est en même temps s'approcher de lui comme de notre médiateur et notre frère, et nous humilier devant lui comme devant notre Dieu et notre juge: en un mot, c'est pratiquer l'humilité qui ravit toujours le cœur de Dieu...
Se consacrer ainsi à Jésus par Marie, c'est mettre entre les mains de Marie nos bonnes actions qui, quoiqu'elles paraissent bonnes, sont très souvent souillées et indignes des regards et de l'acceptation de Dieu devant qui les étoiles ne sont pas pures.
Ah! prions cette bonne Mère et Maîtresse que, ayant reçu notre pauvre présent, elle le purifie, elle le sanctifie, elle l'élève et l'embellisse de telle sorte qu'elle le rende digne de Dieu. Tous les revenus de notre âme sont moindres devant Dieu, le Père de famille, pour gagner son amitié et sa grâce, que ne serait devant le roi la pomme véreuse d'un pauvre paysan, fermier de sa Majesté, pour payer sa ferme. Que ferait le pauvre homme, s'il avait de l'esprit et s'il était bien venu auprès de la reine? Amie du pauvre paysan et respectueuse envers le roi, n'ôterait-elle pas de cette pomme ce qu'il y a de véreux et de gâté et ne la mettrait-elle pas dans un bassin d'or entouré de fleurs; et le roi pourrait-il s'empêcher de la recevoir, même avec joie, des mains de la reine qui aime ce paysan... Modicum quid offerre desideras? manibus Mariae tradere cura, si non vis sustinere repulsam. Si vous voulez offrir quelque chose à Dieu, dit saint Bernard, mettez-[le] dans les mains de Marie, à moins que vous ne vouliez être rebuté.

(L-M Gringnion de Montfort : Le secret de Marie, 36.2 et 37.3)

VATICAN II ET MARIE - I

LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE MÈRE DE DIEU DANS LE MYSTÈRE DU CHRIST ET DE L'ÉGLISE

PRÉAMBULE

Le déjà lointain concile du Vatican II, à l’étonnement de beaucoup de chrétiens — certains disaient vouloir “déboulonner” Marie, car selon eux, pauvres insensés, Elle faisait de “l’ombre” à son Fils ! —, dans sa Constitution dogmatique “Lumen gentium”, a laissé pour la postérité l’un des plus beaux textes sur la Vierge Marie notre Mère. C’est ce texte que nous allons vous faire lire, car il semble oublié de certains.
Ayant Marie comme patronne de notre Blog et son plus grand serviteur — saint Louis Marie Grignion de Monfort — comme protecteur, nous leur confions ces pages que, jour après jour, mois après mois, seront consacrées avec amour, tendresse et une filiale dévotion, à la Reine des Cieux, la Bienheureuse Mère de Dieu et des hommes.

La sainte Vierge dans le mystère du Christ

Dieu, très bienveillant et très sage, voulant accomplir la rédemption du monde, "lorsque les temps ont été révolus, a envoyé son Fils, qui est né d'une femme... afin de faire de nous des fils adoptifs" (Gal. 4, 4-5). "Pour nous hommes et pour notre salut il est descendu du ciel et s'est incarné par l'œuvre de l'Esprit-Saint dans la Vierge Marie". Ce divin mystère du salut nous est révélé et se continue dans l'Église, que le Sauveur a constituée comme son corps et dans laquelle les fidèles, adhérant au Christ comme à leur Tête et vivant en communion avec tous ses saints, doivent également vénérer le souvenir "avant tout de la glorieuse et toujours Vierge Marie, Mère de Dieu, Notre-Seigneur Jésus-Christ".

VATICAN II : Constitution dogmatique “Lumen gentium”, 52.